Je vous avais promis du rêve : ce mois-ci a frisé le cauchemar. Je vous avais promis de voyager : je suis restée coincée à Montréal. Je voulais vous offrir du Beau et des grands espaces : je n’ai que du béton et des gratte-ciel à vous proposer. La faute à une seule et même personne qui m’a plongée dans une galère et qui m’a fait perdre UN MOIS complet de PVT.
Je pensais vraiment avoir un van juste après mon bénévolat à l’Oratoire Saint-Joseph et mettre enfin les voiles dès le début du mois de mai. Suite à mon annonce de recherche parue sur le site PVTistes.net, un PVTiste m’avait contactée dès début avril pour me proposer son véhicule. Nous nous étions rencontrés, le van me plaisait, il correspondait à mon budget, je l’avais essayé, j’avais toutes les factures d’entretien en main… On avait convenu de faire affaire ; il me fallait juste patienter jusqu’à début mai pour pouvoir avoir le van, car le PVTiste en avait besoin jusqu’à fin avril. Cela me permettait de terminer mon bénévolat tranquillement : tout s’enchaînait à merveille.
Fin avril, je prenais donc un dernier repas avec toute l’équipe de l’Oratoire Saint-Joseph qui m’a offert une superbe médaille en or et une carte remplie de mots tous plus gentils les uns que les autres. Merci à chacun et chacune pour votre accueil et votre confiance !
D’ailleurs, je remarque qu’en PVT, il est fréquent de faire des rencontres extraordinaires suivies de séparations tout aussi brutales et rapides. Vous arrivez à vous y habituer, vous ? Moi pas ! Cette soudaineté me lacère le cœur à chaque au revoir. Est-ce que ça s’éduque et que je vais finir par m’y habituer ?!
Enfin, début mai arrive. Enfin, j’aperçois la liberté. Enfin j’entrevois le road trip, la route, les kilomètres tant rêvés. Enfin les grands espaces… Le rêve peut prendre forme.
En contactant le PVTiste pour convenir de la date d’achat, celui-ci est de plus en plus aux abonnés absents. Il m’annonce qu’il change de travail. Une autre fois, il déménage. Une autre fois encore, il est aux urgences avec sa copine. Il me promet chaque fois de m’appeler tel jour à telle heure et moi, Pénélope des temps modernes, j’attends en vain que mon portable sonne. De mieux en mieux, il m’envoie un jour un SMS me demandant si je tiens vraiment à faire une inspection du véhicule avant l’achat, car il manque de temps pour cela.
Moi, du temps libre, j’en ai : ce PVTiste m’en laisse beaucoup… A tout hasard, un soir, je tape son nom sur Google et je découvre le pot-aux-roses : son modèle de voiture a fait l’objet d’un rappel pour défaut de fabrication (il s’est bien gardé de me le dire et nulle part les factures qu’il m’a envoyées faisaient état de la réparation des bras de suspension avant, un élément de sécurité). Il est forcément au courant de ce rappel, puisqu’il a écrit un message incendiaire sur la page Facebook de la marque Kia.
Cette découverte m’achève et tombe comme un couperet. Nous sommes enfin début mai, il fait chaud, très chaud (jusqu’à 38°C), je n’ai qu’une hâte, m’enfuir de Montréal que je déteste, et je repars complètement de zéro pour trouver un van… Pensant acheter ce Kia Sedona, je n’avais pas cherché plus avant. Je suis toute seule dans mes recherches et je m’y connais autant en voitures qu’en vibraphones. C’est à peine si je distingue une Buick d’une Simca 1000.
Je déprime totalement. On m’avait parlé du fameux blues des trois mois et je peux vous affirmer que ce n’est pas un leurre. Mon mois de mai se résume à regarder le site Internet kijiji.ca, équivalent canadien du « Bon Coin », à regarder des tas de ferraille rouillés (qu’on appelle des « citrons » ici) ou des annonces de particuliers qui, étrangement, ont 4 ou 5 véhicules à vendre à la fois… Je suis devenue parano, je me méfie de toutes les annonces, il fait une chaleur à crever et je suis coincée à Montréal alors que je devrais déjà être sur la route à sillonner les parcs.
Tous les concessionnaires étant excentrés, je passe mes journées dans le métro, les bus (haaaa, les bus !), à regarder des voitures sans savoir si, au final, elles sont correctes ou non.
Quelques conseils pour acheter un minivan
Histoire de vous faire gagner du temps, si vous recherchez un van ou un minivan, voici quelques modèles qui pourraient vous intéresser. Sachez qu’ici, un « minivan » est l’équivalent d’un monospace, genre Renault Espace. Et tout le monde m’a recommandé d’acheter en priorité Japonais, puis Coréen et en dernier recours Américain.
Minivan :
- Toyota Sienna – japonais
- Honda Odyssey – japonais
- Kia Sedona – sud-coréen
- Hyundai Entourage – sud-coréen
- Mazda MPV – japonais
- Nissan Quest – japonais
- Pontiac Montana – américain
- Dodge Grand Caravan – américain
- Ford Freestar – américain
- etc…
Van :
- GMC Safari – américain
- Chevrolet Astro – américain
- Westfalia (si vous avez les moyens !) – allemand
Je me suis énormément aidée d’un article paru sur PVTistes.net, pour acheter une voiture au Québec.
Enfin, une annonce d’un particulier sur Kijiji retient mon attention. Un Nissan Quest de 2007, en bon état… Je suis toutes les démarches préalables conseillées dans l’article ci-dessus. D’abord, s’assurer auprès du Centre d’information de la police canadienne que le véhicule n’est pas volé.
Ensuite, vérifier que le véhicule n’est pas hypothéqué au RDPRM. La démarche en ligne coûte 3 $ et permet d’éviter de sacrés ennuis.
Puis vient le CarProof qui donne un historique complet du véhicule. J’apprends ainsi que ce Nissan Quest est un véhicule qui vient de Floride (donc en miles et non en kms), qu’il a d’abord été une voiture de location, mais n’a jamais été accidenté. Faire la demande du CarProof en ligne est cher : 63 $…
Je me suis fait faire un permis québécois aussi ; mon permis français et international auraient sans doute suffi, mais je trouvais ça pas mal d’avoir une pièce d’identité québécoise à mon nom. Après un mois d’attente, j’ai eu un rendez-vous à la SAAQ du boulevard Henri-Bourassa pour procéder à l’échange (même si j’ai pu conserver mon précieux papier rose). Coût total : 103 $ par an…
Je fais inspecter le véhicule (en présence du propriétaire) dans un garage agréé CAA : 120 $.
Déjà 289 $ de dépensé pour un véhicule que je ne suis même pas encore sûre d’acheter ! Quelques réparations sont à faire, ce qui permet de faire baisser le prix. Ah, au fait, vous apprendrez plein de nouveaux mots, car tous les garagistes utilisent le vocabulaire anglais pour parler des pièces à changer ! Me voici incollable sur les wipers, les ball joints, les « service head lights » et autres joyeusetés… Finalement, la vente se passe en cash.
Petit conseil tout de même : exigez d’avoir le plein d’essence au moment de la vente, ainsi qu’un véhicule propre ! Moi, il y avait à manger pour dix personnes par terre quand on m’a vendu le Nissan ! Des spaghettis séchés, des paquets de chips renversés…. Classe ! Mais bon……… Je suis propriétaire d’un véhicule !!! Je n’avais jamais acheté de voiture auparavant : me voici au volant d’un V6 !
Aménager son van
Je me tourne ensuite vers mon ami québécois Marc-André, l’ancien guide d’aventure qui sait tout faire, et qui doit avoir plein d’idées pour aménager l’intérieur du van efficacement. Pari gagné. Je passe l’une des meilleures journées depuis bien longtemps avec lui et ses parents, à manier la scie sauteuse, la perceuse, à mesurer en pouces, à planter des clous, à rire et à voir enfin le van – et mon projet – prendre forme. On construit une plate-forme de bois à l’arrière du Nissan. Pour ceux qui chercheraient à faire pareil dans le coin de Montréal, sachez qu’une entreprise a régulièrement des palettes de bois à donner gratuitement : on peut venir se servir sans prévenir ici : 6242 avenue Durocher, QC H2V 3Y8. Pas besoin d’appeler avant : on peut même venir se servir en pleine nuit si on veut !
J’effectue ensuite quelques achats au Canadian Tire, au Dollarama et au Tigre Géant : des caisses en plastique empilables, une commode à trois tiroirs en plastique, des rideaux, du velcro pour les fixer, une popote, un matelas, une douche solaire et tout un tas de trucs dont on se dit que « ça peut toujours servir » ! Encore une fois, Marc-André a mille idées à la minute et mon moral reprend.
Un départ en road-trip teinté d’angoisses
J’avais oublié un détail, même deux : c’est bientôt mon anniversaire, et je m’étais promis/juré de souffler ma bougie supplémentaire loiiiiiiiiin de Montréal. Sauf que je n’avais pas imaginé prendre autant de retard… Le temps presse donc de mettre les voiles. Mais deuxième chose : je ne pensais pas que le passage du rêve à la réalité serait aussi difficile. Rêver de partir toute seule sur la route, toutes vitres ouvertes, cheveux au vent et musique à fond, oui, c’est facile. Mais mettre la clé dans le contact et quitter sa zone de confort – même si on ne l’aime pas et qu’on a hâte de la quitter – c’est un combat, un déchirement, une guerre intérieure que je n’avais pas imaginée.
Rêver de partir seule sur la route, vitres ouvertes, cheveux au vent et musique à fond, c’est facile. Mais mettre la clé dans le contact et quitter sa zone de confort – même si on a hâte de la quitter – c’est un combat, un déchirement.
Au matin de mon départ, après mon café, je suis incapable de tenir debout. Je me recouche, l’angoisse m’étreint, je sais que je vais me retrouver toute seule, à devoir tout gérer par moi-même, à devoir faire face à tout – et à moi-même, à trouver des solutions à tout problème, à affronter l’inconnu… Rêver, se projeter, s’imaginer, fermer les yeux et s’inventer une vie qu’on déploie sur Facebook… haaaa, c’est tellement facile et à la portée de tous ! Mais mettre la clé dans le contact et appuyer sur l’accélérateur, avec un siège passager vide à côté de soi, destination inconnue, c’est une autre paire de manche. Je n’avais qu’une hâte : celle de partir, mais je ne m’attendais pas à avoir autant peur, percluse d’angoisse et d’appréhension le jour J.
Première destination : la région de Charlevoix
Mais comme pour un départ en PVT, c’est le premier pas qui coûte : tout le reste suit bien plus facilement ! Je souffle donc ma bougie supplémentaire dans les Cantons de l’Est avant de prendre la route vers Québec et l’époustouflante région de Charlevoix.
Je ne m’attendais pas à trouver de tels paysages le long du Saint-Laurent. C’est si beau : impossible de s’habituer ! Je prends la route des montagnes, direction le Parc des Grands Jardins (l’ascension du Mont du Lac des Cygnes offre une vue sur la région extraordinaire de Charlevoix), puis le Parc des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie, véritable paradis sur terre, accessible à tous : les randonneurs grimperont les trois sommets de l’Acropole des Draveurs…
… Les paresseux prendront le bateau-mouche pour une balade d’1h30 sur la rivière, les kayakistes s’en donneront à cœur joie et les contemplatifs regarderont tout ce beau monde s’agiter sur les eaux bleues de la Malbaie.
Ah oui ! Petite précision ! Mes genoux et mes mollets me chargent de vous dire qu’une randonnée classée « D » sur les dépliants (ils disent « pamphlets » ici !) ne signifie pas « Débutant »…. mais bel et bien « Difficile » !! Oui, je me suis fait surprendre ! Oui, mes cuisses s’en souviennent encore ! Foutue rando du « Pioui » dans le Parc des Grands Jardins ! Faites-la s’il n’a pas plu la veille !
Et pour ceux qui, vraiment, ont du mal à marcher, ils trouveront leur bonheur au parc du Bic, sur la rive sud, près de Rimouski. Non seulement c’est splendide, mais en plus 80 % des randonnées sont classées « faciles » !! On circule sous les pins, d’anse en anse, à contempler les phoques au bord du Saint-Laurent qui prend vraiment des allures de pleine mer ici ; il y a même des marées ; souvenez-vous que c’est un fleuve !!
Depuis que je vis dans mon van, je fais l’apprentissage de beaucoup de choses : où dormir en sécurité, me faire à bouffer au réchaud, m’organiser, m’écouter… Je suis encore en rodage, mais j’ai fait beaucoup de progrès en quinze jours : je ne mets plus qu’une demi-heure avant d’avaler ma première gorgée de café dégueulasse le matin !
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