De Whitehorse à Dawson City
Vue sur Dawson City

De Whitehorse à Dawson City

Enfin, nous arrivons à Whitehorse, la capitale du Territoire du Yukon. Je suis vraiment émue. La séance photo devant « Welcome to Whitehorse » dure une bonne demi-heure et je contemple incrédule ce panneau de bienvenue durant de longues minutes.

La descente sur la ville permet d’observer la Yukon River ainsi que, en cale sèche sur la rive, le S.S. Klondike, un authentique bateau à roue datant de l’époque de la ruée vers l’or (et dont la visite est gratuite). Nous voilà déjà plongés dans l’ambiance.

Whitehorse est une petite ville agréable mais, étrangement, je ne me sens pas vraiment dépaysée. Les rues se coupent à angle droit, les bâtiments présentent des façades plates et colorées, le fleuve Yukon traverse paisiblement la ville et on peut se promener le long de la berge.

Le gros changement assez déroutant a été que le soleil se couche vraiment tard en été : il fait grand jour à 23h ! Si vous cherchez un endroit où poser votre minivan dans Whitehorse, il y a un bon spot dans le village juste à côté, à Riverdale, sur le parking de l’église de Duke Road. Vous serez sans doute les seuls garés ici, on vous regardera un peu étrangement, mais c’est tout. Autre spot, en face de l’aéroport de Whitehorse, sur Hill Crest Road, un parking à proximité de l’église vous permettra de vous mêler discrètement à d’autres voitures garées. Sinon, il reste l’éternelle valeur sûre, le parking de Walmart !

Si Whitehorse n’est pas vraiment une « belle » ville en soi, ses environs sont époustouflants. Il suffit d’emprunter les nombreux chemins de randonnée autour du Miles Canyon, des lacs Schwatka et Chadburn… Les possibilités abondent. Un sacré coup de cœur pour la randonnée facile/modérée « Fish Lake », qui offre un panorama époustouflant à 360° – de part et d’autre du sommet – surtout à l’automne et avec la lumière du soir. La rando débute au bout de la Fish Lake Road, 16 km de route non goudronnée, peu après la sortie nord de Whitehorse sur la gauche.

Après deux jours de visite, Luc et moi quittons Whitehorse, direction Dawson City, LE spot de la ruée vers l’or du Klondike, à la fin du 19e siècle. Nous quittons l’Alaska Highway pour emprunter la Klondike Highway.

La Klondike Highway, c’est une succession de paysages merveilleux et de lieux chargés d’or et d’histoire. Nous nous arrêtons au Braeburn Checkpoint, un point de contrôle situé sur le parcours de la Yukon Quest, la légendaire course annuelle en traîneau à chiens. Nous essayons de voir les fantômes des stampeders flanqués sur d’approximatifs radeaux de bois combattant les rapides des « Five Fingers », ce fameux passage délicat sur la Yukon River emprunté à l’époque par des hommes en quête de pépites et de fortune… (cf. L’Appel de la Forêt de Jack London ! Ou au moins le Lucky Luke Le Klondike ! )

Nous faisons une halte au somptueux lac Gravel et continuons de grimper toujours plus au nord, en faisant somme toute attention à l’état de la route : des trous, des nids-de-poule difficilement visibles, du bitume irrégulier en « vaguelettes » font qu’on peut taper la bagnole par en-dessous en moins de deux.

À Stewart Crossing, nous décidons de faire un « petit » détour de 51 km, en empruntant la Silver Trail, direction Mayo. La route est merveilleusement belle – bien qu’en gravillons – mais nous arrivons à Mayo sous la pluie. La ville est absolument déserte, il n’y a pas un chat, et on a rapidement l’impression de circuler dans une ville-fantôme. Seul un petit magasin d’alimentation est ouvert, mais on dirait que la bouffe elle-même date de la ruée vers l’or : les produits sont périmés, les avocats sont tout mous et le kilo de cerises coûte 25,99 $. On passe rapidement notre chemin et on se contente d’un frugal repas de pâtes, dehors, abrités sous le toit ouvert de mon bon vieux Jonathan. Bref, le village de Mayo en lui-même ne vaut pas le détour, à moins d’envisager de randonner dans les alentours ou de pousser jusqu’à Keno. Mais là, le 4×4 est recommandé !

Le lendemain, nous reprenons la route sous un merveilleux soleil. À peine trois heures plus tard surgit le panneau « Welcome to Dawson City » et, si l’on me donnait en cet instant une carte du monde indiquant par un point notre position actuelle, je ne le croirais pas. Une petite montée sur la Dome Road nous permet d’observer ce bled légendaire du haut d’une petite montagne, d’où l’on peut voir la Klondike River se jeter dans la Yukon River. C’est tellement mythique…

Et la visite de la « ville » ne nous déçoit pas, bien au contraire !! Dawson City, c’est une véritable plongée grandeur nature dans l’ambiance de la ruée vers l’or. Bien que touristique, Dawson a gardé ce délicieux charme authentique des villages figés dans l’histoire et le temps : les rues ne sont pas goudronnées, mais en terre battue, les trottoirs sont des passerelles de bois, les bâtiments sont toujours d’époque, tout comme le S.S. Keno, un autre bateau à roue visible à quai.

On peut aussi se rendre à la – supposée – cabane de Jack London qui a vécu ici pendant presqu’une année… et qui, à vrai dire, n’a jamais cherché d’or : il passait le plus clair de son temps dans les saloons et cabarets, à écouter les histoires des prospecteurs qui lui inspireront les personnages de ses livres… ce qui lui fera gagner bien plus d’argent que les chercheurs d’or eux-mêmes ! Lui a su trouver le bon filon !

À quelques kilomètres de Dawson City, au bout d’une route en gravillons, on arrive à l’endroit PRÉCIS d’où tout est parti : le « Discovery Claim » (la « concession de la découverte ») se trouve au bord de la Bonanza (initialement appelée « Rabbit Creek » mais vite renommée « Bonanza » qui signifie « pactole »), petite rivière aux eaux verdâtres où ont été trouvés les premiers grammes d’or. Première surprise : ce cours d’eau est tout petit et ne paie franchement pas de mine. Difficile d’imaginer alors qu’il fut le théâtre d’une agitation frénétique, d’une fièvre de l’or incomparable, lui qui, désormais, se fraye paisiblement un chemin à travers la forêt !

Un peu plus loin, nous arrivons au claim n°6 où l’on peut toujours librement chercher de l’or. Accroupis au bord de l’eau, ils sont une petite dizaine à « goldpanner » à l’aide d’une « bâtée », sorte d’assiette en forme de chapeau chinois renversé. Un Américain – venu spécialement de Californie tenter sa chance ici – me demande si je veux essayer. Après avoir convenu – avec plus ou moins de second degré – qu’on partage si on trouve de l’or, il m’apprend la technique d’orpaillage et je reproduis à l’identique le geste que des milliers d’hommes effectuaient ici il y a plus de 120 ans.

Il y a un geste que je n’ai pas voulu reproduire : ingurgiter le « Sourtoe Cocktail » proposé au Downtown Hotel de Dawson City. Le principe ? Vider jusqu’à la dernière goutte son verre de whisky où baigne un gros orteil momifié. Pour que ce rite initiatique soit valable, il faut impérativement que vos lèvres TOUCHENT l’orteil – avec interdiction de l’avaler, sous peine d’une lourde amende. Si vous réussissez, on vous remettra un certificat selon lequel vous faites désormais partie du « Sourtoe Cocktail Club » qui compte à ce jour pas moins de… 100 000 membres. Bof. Très peu pour moi. Payer pour dégobiller : pas envie. Parce que tout le monde le fait, il faudrait que je le fasse aussi ? Ça n’a pas beaucoup de sens, si ?

Allez, au lit… Il est 23h, il fait grand jour et demain, nous roulons vers…  l’Alaska. Un autre rêve grandeur nature qui s’apprête à devenir réalité.

 

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